Les craintes d’un jeune garçon
La rentrée des classes approchait et il me fallait un costume neuf. Tous les dimanches, maman Tine soliloquait sur les différentes étoffes qu’elle avait marchandées en vue de m’acheter un costume. Cette perspective aurait pu me donner du cœur à endurer mes journées au champ si, en même temps, n’était pas arrivée l’affreuse période des pluies. Etais-je devenu plus sensible à ces ondées féroces, aux bruits épouvantables des orages ? Toujours est-il que je ne pouvais plus me laisser mouiller avec la même passivité qu’autrefois. J’éprouvais pour maman Tine la même pitié, la même désolation qui la tourmentait pour moi. Je n’aurais pas voulu qu’elle se laissât mouiller. Mais elle ne s’échinait que davantage à tirer la houe. Mon chagrin se contenait tellement qu’à la fin, les champs de canne m’apparaissaient comme un danger. Ce danger qui avait tué. M. Médouze sans que personne n’eût vu comment, et qui pouvait d’un moment à l’autre, surtout un jour d’orage, tuer aussi ma grand-mère sous mes yeux.
Joseph Zobel - «La Rue Case-Nègre»
QUESTIONS
I-Compréhension
1°/ Justifiez le titre du texte. (2 pts)
II.- Vocabulaire
2°/ Expliquez : donner du cœur — ondées féroces - s’échiner. (3 pts)
3°/ Donnez la formation du mot endurer. (2 pts)
4°/ Donnez les adverbes des adjectifs diffèrent et neuf. (2 pts)
III.- Grammaire et maniement de ta langue
5°/ Donnez la nature et la fonction des mots soulignés. (3 pts)
6°/ a) Remplacez la coordination dans la première phrase du texte par une subordination. (2 pts)
b) Faites l’analyse logique des phrases ainsi obtenues. (2 pts)
7°/ Dans la phrase : « II me fallait un costume neuf. » Remplacez l’adjectif qualificatif par une subordonnée relative de même sens. (2 pts)
8°/ « « Etais-je devenu plus sensible à ces ondées féroces, aux bruits épouvantables des orages ? » Remplacez l’interrogation directe par une interrogation indirecte à l’aide d’un verbe introducteur au présent de l’indicatif. (2 pts)